Quand j’ai commencé mon premier vrai travail, je n’avais ni un bon ni un mauvais crédit, je n’avais aucun crédit comme tous ceux qui débutent. Il y a 30 ans, un prêt auto pour un jeune, c’était un truc impensable. Ça te prenait absolument un endosseur. Les 1re, 2e et 3e chance au crédit n’existaient pas à cette époque.
Passer l’hiver sans voiture à Montréal, c’était facile, mais quand le mois de mai arrivait, la grouillette me prenait et je me cherchais un char à 2 ou 3000$ pour passer l’été, faire du camping et aller à la pêche.
Pour choisir un bon véhicule, j’avais développé un certain nombres de critères à respecter, le premier étant de ne jamais acheter de chars sport, de luxe ou à la mode. J’avais aussi compris que les meilleurs véhicules sont ceux appartenant à des gens relativement âgés, des «mon-oncles». Ces autos-là sont payées depuis longtemps, n’ont pas été battues, ont été mécaniquement bien entretenues, ont un millage raisonnable et ont perdu beaucoup de valeur à cause d’un problème qu’ils ont tous en commun, encore aujourd’hui: de nombreuses grafignures et poques parsèment la carrosserie. Elles témoignent de la difficulté qu’on éprouve au volant quand on vieillit, que la vue et l’attention baissent.
Pour moi, c’était le char idéal. Avec du jus de coude, de la potée, du sablage et de la peinture, j’allais arranger tout ça au cours de l’été afin de le revendre à l’automne avec un léger profit. On était plusieurs amis à faire ça et la ruelle était notre garage.
Ce qui importe quand on veut passer la belle saison sans problèmes, c’est 4 bons pneus, des freins potables, un système d’échappement qui n’est pas pourri et bien entendu, un moteur qui ronronne correctement sans boucaner. Bref, tu ne veux pas mettre trop d’argent dessus. Une bonne vérification au garage, peut-être une courroie et l’huile à changer et voilà, ça roule pour 4 mois.
Pour le camping, les meilleures autos étaient les stations wagons comme le Ford LTD Country Squire (sur la photo) qui était un modèle très populaire. Son puissant V8 (un peu gourmand mais l’essence était à 50 cents le litre en 1990) dévalait les côtes des Laurentides ou du Bas-du-Fleuve sans problème. De plus, on pouvait dormir confortablement à l’arrière de ce spacieux véhicule. Et c’était du solide !